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PRISE DE NOTES ET LECTURES AUTOUR DU DIAGRAMME ET DU CINÉMA
Sous-chapitrage de cette page
DIAGRAMME
CINEMA
Note d'intention :
Le diagramme et la pensée diagrammatique ou comment puiser dans la philosophie pour rechercher en design graphique.
alecinski
penser par l'espace
Christopher Alexander (archi) > Notes on the synthesis of form(s)
Objet d'étude plus resserré
Objet qu'on anlyse, qu'on regarde.
Le monde comme Projet Olt Aicher - The World as design > Ulm et Bauhaus
Pré-Plan :
1- Définition du diagramme
1a > Etymologie, définitions (dictionnaires, cnrtl...)
1b > Fondements avec la sémiologie (Pierce avec l'icône), Jakobson
1c > Développements philosophiques (Foucault, Deleuze...)
1d > Applications graphiques (Minard, Jacques Bertin...)
2- Le cinéma
2a > définitions du cinéma
2b > qu'est ce qu'une bonne anlyse de cinéma ?
2c > mots-clés du cinéma
2d > images-mouvement, images temps
3- Pour une carte sensible de l'analyse filmique.
------- NOTES DE LECTURES ---------
DIAGRAMME
Bibliographie + Liste des abréviations
[[DELEUZE, LES MOUVEMENTS ABERRANTS]] (MA)
[[Logique de la Sensation, 1981]] (LSFB)
Sur la peinture, David Lapoujade (SLP)
Mille Plateaux (MP)
Tentative de définition du concept deleuzien de "diagramme"
Avant d'ancrer de manière pratique le concept sur lequel je voudrais travailler, il nous faut définir un terme/concept aussi important dans la suite de mon discours que compliqué à appréhender.
Le concept philosophique de diagramme selon Gilles Deleuze et Felix Guattari se différence de la définition usuelle que l'on peut lire sur le centre national de ressources textuelles et grammaticales (CNRTL), soit :
"Représentation graphique schématique des composantes d'une chose complexe." [^1]
C'est la définition qui vient le plus subitement à l'esprit quand on pense à ce terme. Mais juste en dessous on peut lire :
"Figure sommaire représentant les traits essentiels d'un objet." [^2]
Cette deuxième définition se rapproche déjà plus de l'esprit de la conception deleuzo-guattarienne du diagramme.
Comme le souligne David Lapoujade dans la retranscription des cours de Gilles Deleuze (SLP, 45, note de bas de page 35) la première apparition du concept de diagramme apparaît dans Mille Plateaux. Le terme est synthétisé dans la conclusion de l'immense livre aux côtés de machines abstraites, concept clé de l'ouvrage, et de phylum. Je propose que nous nous y attardons de manière à comprendre pourquoi choisir spécialement ce concept et en quoi il peut bien être utile dans la suite de ma réflexion.
Comme je disais donc plus haut, à la conclusion, à la manière de l'abécédaire de Gilles Deleuze, film documentaire qui sortira l'année de sa mort en 1995, Deleuze réalise une sort de glossaire à la fin de Mille Plateaux où, pour chaque lettre, il redéfinit un concept clé lié à la lettre. Certains concepts doivent être éclaircis avant de passer directement à la machine abstraite. `
Agencement
Le concept d'agencement va nous être central dans la définition des machines abstraites. Deleuze et Guattari. Les agencements ont des règle qui les définissent. Tout agencement est territoire. Ils citent l'exemple des personnages de Samuel Beckett qui se font territoires à travers leur poubelle, leur banc. Chaque agencement se définit donc par 1 Le contenu et par 2 l'expression. L'expression devient dans l'agencement un régime de signe, un système sémiotique, et le contenu y devient un système pragmatique, actions et passions. On a une dualité visage-main, geste-parole. On a une double articulation. Ces deux premières définitions forment une première division qui est à la fois agencement machinique et agencement d'énonciation. Cette première approche de l'agencement revient à se demander qu'est-ce qu'on fait et qu'est-ce qu'on dit ? Entre ces deux pôles que sont le contenu et l'expression naît un nouveau rapport particulier traduit dans le texte par des transformations incorporelles. Ces transformations incorporelles peuvent être appelées territorialisation , là aussi un aspect central de Mille Plateaux, qui est un processus qui organise et définit un espace relativement homogène. Mais l'agencement, enfin, peut aussi être constitué par des lignes de déterritorialisation, soit des lignes de variation, des lignes de fuite et de transformation.
Pour éclaircir ce texte touffu on pourrait faire une analogie musicale pour expliquer la tétravalence de l'agencement de la manière suivante :
A {
A1 - Contenu ou système pragmatique : Instruments, musiciens, musique crée
A2 - Expression ou système sémiotique : partition musicale, langage musical
}
B {
B1 - Territorialisation/Reterritorialisation ou transformations incorporelles : Orchestre comme ensemble codifié (chef, cordes, symphonie...), genre musical, salle de concert...
B2 - Déterritorialisation ou lignes de déterritorialisation : improvisation, expérimentation, jazz par rapport au classique
}
ou pour l'écriture de Kafka [^4]
A {
A1 - Contenu ou système pragmatique : situation matérielle de l'auteur
A2 - Expression ou système sémiotique : langue allemande comme étrangère à elle même (un Juif à Prague)
}
B {
B1 - Territorialisation/Reterritorialisation ou transformations incorporelles : Ensemble des codes bureaucratiques, familiaux et religieux qui structurent ses récits (père, loi...)
B2 - Déterritorialisation ou lignes de déterritorialisation : effet de l'écriture, langue dans un usage intensif, absurde infini
}
-- Podcast France culture : prises de notes
Selon David Lapoujade dans une émission de France Culture intitulée "Mille Plateaux" de Deleuze et Guattari, le premier d'une série de quatre sous le titre "Faites rhizome ! Soyez des multiplicités !" il définit la grande machinerie, l'organsiation générale de mille plateuax de la façon suivante (34'):
On part de ce plan de consistances ou il y a des multiplicités qui n'ont aucune caractéristiques, qui ne sont pas organiques, qui ne sont pas matériels. Ce sont des multiplicités qui sont sans aucune spécification et qui vont progressivement, selon la manière dont elles se distribuent, dont elles se manifestent, ce que Deleuze et Guattari appellent une machine abstraite ; elles vont rentrer dans une espèce de machinerie abstraite comme ça et cette machine abstraite, va produire des agencements concrets. (...)
Ce qui est perceptible dans l'expérience ce sont seulement ce qu'ils appellent des agencements concrets. Et les agencements concrets sont constitués de plusieurs caractères, de quatre caractères essentiellement.
Des corps et des régimes de signes. Le plan de consistance n'est pas une planification , n'est pas un programme, c'est le lieu à travers lequel ont lieu ces agencements. Le plan de consistance n'est pas un programme mais plutôt un diagramme. Tourbillon de forces, de particules qui vont se distribuer et parfois former des programmes. Il y a toujours une forme de lutte, de confrontation et parfois d'alliance entre le diagramme et le programme. C'est-à-dire entre ce qui obéit en une sorte de programmation et ce qui se dérobe à toute forme d'organisation et de programmation. Stratification dans ce schéma, solidification dont on ne peut pas sortir mais à l'intérieur desquelles se produisent encore des lignes de fuite. (..) 3 types de strates : strate géologique, strate organique (formation vivante), et strate anthropomorphique (humains). Mais dans les strates encore plus de strates (strate du langage par exemple, strate des sociétés, capitalisme, société primitives, appareil d'états, machines de guerre). À l'intérieur de ces stratifications et de ces solidifications on a invariablement des processus de déstratification. Manière d'échapper à ces strates. Exemple de D et G, "une passion amoureuse rencontre un trou noir" > strate anthropomorphique de la passion amoureuse et rencontre d'une autre strate, strate cosmique qui est le formation d'un trou noir. Pour eux ; trou noircappliqué à la passion amoureuse n'est pas de l'ordre de la métaphore, c'est un enfoncement dans une relation de perdition, d'une sorte de relation suicidaire mutuelle qui fait que tout se détruit au bout du compte dans une sorte de passion dévorante.
Il y a la machine abstraite qui les travaille sourdement et le plan de consistance, c'est-à-dire que tout ça est co-présent. Mais pour accéder à la machine abstraite et au plan de consistance, il faut effectivement une perception qui nous rende sensibles à ce qui est imperceptible dans le donné, qui relève de l'imperceptible et qui ont pourtant une puissance considérable puisque ce sont eux qui sont facteurs de transformation des corps sociaux.
Gilles Deleuze sur les agencements :
"Moi, je dirais un agencement, pour moi, je m'attiendrais qu'il y avait quatre composantes d'agencement. Si on veut se faire... Un agencement, ça renvoyait à des états de choses. Que chacun trouve les états de choses qui lui conviennent un peu. Alors, pour moi, bon, j'aime tel café, j'aime pas tel café, les gens qui sont dans tel café, etc. Ça, c'est un état de choses. Autre dimension de l'agencement, des énoncés. Des types d'énoncés, mais chacun son style. Il a une certaine manière de parler. Dans le café, par exemple, il y a les copains, et puis il y a une certaine manière de parler avec les copains. C'est pas... Chaque café a son style. Donc, un agencement comporte des états de choses et des styles d'énonciation. C'est très intéressant. L'histoire, elle est faite de ça. Quand est-ce qu'apparaissent tels nouveaux types d'énoncés ? Par exemple, dans la Révolution russe, les énoncés de type léniniste, quand est-ce qu'ils apparaissent ? Et puis, ça implique des territoires. Chacun son territoire. Il y a des territoires. Même quand on est dans une pièce, on choisit son territoire. Genre, dans une pièce que je connais pas, je cherche le territoire, c'est-à-dire l'endroit où je me sentirais le mieux dans la pièce. Et puis, il y a des processus qu'il faut bien appeler de déterritorialisation, c'est-à-dire la manière dont on sort du territoire. Je dirais qu'un agencement comporte ces quatre dimensions. C'est un état de choses, des énonciations, des territoires, des mouvements de déterritorialisation."
Machines abstraites / diagramme
Deleuze et Guatarri commencent par définir l'espace où opèrent les agencements et les opposent au côté transcendantal, universel et éternel des Idées Platoniciennes. Les machines abstraites prennent essence dans les pointes de décodage et de déterritorialisation. Ce sont des singularités qui sont rattachées à des noms.
Citations
« Le diagramme est l’ensemble des lignes et des taches qui ne représentent rien, mais qui introduisent dans la peinture des forces non visuelles. » (LSFB, p. 107)
"Le plan de consistance est un plan de variation continue, chaque machine abstraite peut-être considérée comme un "plateau" de variation qui met en continuité des variables de contenu et d'expression".
Rapport déterritorialisant et un déterritorialisé.
"D'où l'impossibilité de définir une variation continue qui ne prendrait pas à la fois le contenu et l'expression pour les rendre indiscernables, mais aussi qui ne procède par l'un ou par l'autre, pour déterminer les deux pôles relatifs et mobiles de ce qui devient indiscernable. C'est ainsi que l'on doit définir à la fois des traits ou intensités de contenu, et des traits ou tenseurs d'expression (article indéfini, nom propre, infinitif et date), qui se relaient, les uns et les autres s'entraînant tour à tour, sur le plan de consistance.
C'est que la matière non formée, le phylum, n'est pas une matière morte, brute, homogène, mais une matière-mouvement qui comporte des singularités ou heccéités, des qualités et même des opérations (lignées technologiques itinérantes) ; et que la fonction non formelle, le diagramme, n'est pas un métalangage inexpressif et sans syntaxe, mais une expressi-vité-mouvement qui comporte toujours une langue étrangère dans la langue, des catégories non linguistiques dans le langage (lignées poétiques nomades)."
Images latentes ou images en devenir, processus en argentique
-- Bénédicte Letellier | Saisir la pensée diagrammatique, lectures plurielles
¶ 1 - La pensée diagrammatique (Deleuze et Châtelet).
¶ 2 - Cette pensée détermine un espace qui présente au moins trois dimensions principales : l’état (les catégories abstraites à partir desquelles se construit l’axiomatique), la position (le dispositif d’inscription à partir duquel est mis en évidence le géométrique) et le mouvement (le mobile à partir duquel est perçue la dynamique). Les articles, selon leur objet d’étude, mettent l’accent sur une dimension de cet espace complexe et abstrait.
¶ 3 - Pour le dire vite, le diagramme serait ce qui précède la pensée. Il est la notation du « non-encore-pensé » et désigne le lieu intermédiaire où l’informe, orienté par la seule intuition, s’ouvre au devenir des forces en jeu dans ce qui émerge.
¶ 4 - la dimension virtuelle intrinsèque à tout diagramme et notamment celle du devenir. > lire https://fr.scribd.com/document/268145409/Batt-Noelle-L-Experience-Diagrammatique
¶ 5 - Il découvre véritablement la notion de diagramme en lisant Surveiller et punir de Michel Foucault (1975). En effet, ce dernier recourt au terme diagramme pour définir un espace architectural, le pénitentiaire-Panopticon dessiné par Jérémy Bentham en 1791. « Le Panopticon, explique Foucault, ne doit pas être compris comme un édifice onirique : c’est le diagramme d’un mécanisme de pouvoir ramené à sa forme idéale ; son fonctionnement, abstrait de tout obstacle, résistance ou frottement, peut bien être représenté comme un pur système architectural et optique : c’est en fait une figure de technologie politique qu’on peut et qu’on doit détacher de tout usage spécifique » (c’est moi qui souligne. p. 9) Selon la lecture de Foucault que propose Deleuze dans un article de la revue Critique, le panoptisme est « une machine abstraite » non-représentationnelle.
avant l’histoire
Pour reprendre les mots de Deleuze, la diagrammatique consiste donc à étudier « des machines abstraites, du point de vue des matières sémiotiquement non formées en rapport avec des matières physicalement non formées. […] C’est là le sommet de l’abstraction, mais aussi le moment où l’abstraction devient réelle ; tout y passe en effet par des machines abstraites-réelles (nommées et datées) » (p. 12).
Dans un tout autre contexte, les peintures de Bacon réaffirment, aux yeux de Deleuze, la dimension de l’informel en même temps que la particularité d’un plan d’immanence où la distribution de multiples singularités donne lieu à une déformation. Située entre le tout code (l’énonçable - nature digitale) et le tout diagramme (le visible - nature analogique), la peinture de Bacon suggère un entre-deux régi par la spontanéité et la réceptivité ou « logique de la sensation ».
¶ 6 - Ainsi, pour Châtelet, le geste en tant que germe du mouvement est fondamental au diagramme et, comme le souligne Noëlle Batt, il n’est pas sans rappeler là aussi l’expérience picturale d’un Bacon ou ce qu’il désigne par le terme anglais « graph ».
¶ 8 - Les diagrammes « saisissent les gestes au vol ; […] ce sont les sourires de l’être » (p. 29). L’article d’Alexis de Saint-Ours reprend en titre et en exergue la métaphore de Gilles Châtelet (« Les sourires de l’être »). C’est que cette métaphore est doublement liée au diagramme : d’une part, le sourire peut se comprendre comme le germe de mouvement qui donne forme à l’être et, d’autre part, cette image dit quelque chose qui n’est pas immédiatement saisissable. Plus certainement, elle suggère autre chose que ce qu’elle figure.
¶ 9 - A la différence de Gilles Châtelet, il situe en amont de tout acte diagrammatique la lettre ou gramme, « toute formule constituant déjà un diagramme complexe et n’ayant de sens qu’au centre pointé d’un contexte théorique et d’une Gestalt conceptuelle »
-- L'expérience Diagrammatique : Un Nouveau Régime, article de Noël Batt
La notion de diagramme étant a priori associée aux mathématiciens, architectes, géographes et statisticiens pour l’usage instrumental qu’ils en font, nos lecteurs pourront se demander ce qui nous pousse à nous y intéresser de si près au point même d’envisager que la notion puisse être à l’origine d’un régime de pensée: pensée du diagramme ou par le diagramme, pensée diagrammatique.
Disons tout de suite que la notion n’aurait sans doute pas retenu notre attention si, d’une part, Gilles Deleuze n’en avait fait, pendant onze ans, un concept in progress , en l’empruntant, pour le retravailler, une fois à Michel Foucault ( Critique n° 343 , 1975), une autre fois (en compagnie de Félix Guattari) à Peirce commenté par Jakobson ( Mille Plateaux , 1980), une troisième fois à Francis Bacon ( Francis Bacon. Logique du sens , 1981), pour finalement revenir à Foucault quelques années plus tard ( Foucault , 1986); et si, d’autre part, Gilles Châtelet n’en avait fait l’un des concepts clés autour desquels se déploient les Enjeux du mobile . Que la notion revienne de façon tangentielle mais décisive dans le travail de Wittgenstein a aussi été un facteur déterminant. Qu’elle se trouve au cœur de la lecture philosophique du Yi King à laquelle se livre François Jullien sous le titre Figures de l’immanence ne fait qu’accroître son intérêt.
Un tel parcours pour une notion qu’on eût pu croire relativement banale et technique ne manquera pas d’étonner, d’intriguer et de susciter une interrogation raisonnée. Et l’on se permettra de juger qu’une notion n’aurait pu se prêter à ce nomadisme systémique sans une plasticité sémantique certaine, celle-ci ayant pour origine possible soit une nature paradoxale due à la conjonction en une même unité d’éléments contraires voire contradictoires, soit un certain flou, une certaine instabilité dans ses associations.
Diagramme vient du latin diagramma lui-même emprunté au grec diagramma, issu d’une combinaison de deux autres mots grecs dia-graphein (inscrire) et gramme (une ligne). À l’origine de ces mots, l’association de deux racines indo-européennes: grbh-mn ; grbh- gratter, qui engendre ratracer, dessiner, écrire mais aussi le crabe qui inscrit ses déplacements dans le sable, et la gravure qui se fait en incisant le bois, la pierre ou le cuivre (en anglais to scratch , to draw , to write ), et mn- qui donnera naissance à: image,lettre, texte (en anglais: picture , written letter , piece of writing ). Inscription donc, qui peut se faire lettre ou image, lettre et image.
Regardons maintenant ce qu’en disent les dictionnaires courants, le Petit Robert pour le français et The American Heritage Dictionary of the English Language pour l’anglais.
1) Diagramme ( Petit Robert )Apparition isolée en 1584; usage confirmé en 1767; du grec dia-gramma «dessin».
- 1° Tracé géométrique sommaire des parties d’un ensemble et de leur disposition les unes par rapport aux autres. V. plan, schéma. Ex. diagrammed’une fleur. 2° Tracé destiné à présenter sous une forme graphique le déroulement et lesvariations d’un ou plusieurs phénomènes. V. Courbe, graphique. Ex. diagramme de la fièvre, de la natalité, du chiffre des importations. 3° Logique, Mathématiques. Diagramme de Venn , représentation graphiqued’opérations (intersection, réunion…) effectuées sur des ensembles.
1) Diagram ( The American Heritage Dictionary of the English Language )1° A plan, sketch, drawing, or outline, not necessarily representational,designed to demonstrate, or explain something, or clarify the relationshipexisting between the parts of a whole. 2° Mathematics. A graphic representation of an algebraic or geometricrelationship.3° A chart or graph.
Nous retrouvons, déployé par les définitions, le sens des racines dégagé par l’analyse étymologique. Et nous notons que le diagramme a pour fonction de représenter, de clarifier, d’expliciter quelque chose qui tient aux relations entre la partie et le tout et entre les parties entre elles (qu’il s’agisse d’un ensemble naturel comme une fleur ou d’un ensemble mathématique, algébrique ou géométrique), mais qu’il peut aussi exprimer un parcours dynamique, une évolution, la suite des variations d’un même phénomène.
On peut imaginer que Peirce s’est souvenu de sa double nature (écriture et image) lorsqu’il a fait le choix du diagramme pour en faire une sous-catégorie de l’icône; et qu’il a tenu compte du fait que le diagramme exprimait une relation puisqu’il l’a dévolu au rôle d’«icône relationnelle». En effet, c’est après avoir établi sa célèbre distinction de trois variétés de representamen : l’indice, l’icône, le symbole, qu’il subdivise l’icône en deux sous-catégories: l’image et le diagramme défini comme «un representamen qui est, de manière prédominante, une icône de relation et que des conventions aident à jouer ce rôle».
Jakobson (1966), qui présente cette distinction dans le cadre d’une discussion sur le traitement comparé du signe par Saussure et Peirce, déclare: «Un exemple de ce genre d’“icône de relations intelligibles” est donné par un couple de rectangles de taille différente illustrant une comparaison quantitative entre la production d’acier des États-Unis et celle de l’URSS. Les relations au sein du signifiant correspondent aux relations au sein du signifié. Dans un diagramme typique comme les courbes statistiques, le signifiant présente avec le signifié une analogie iconique en ce qui concerne les relations entre leurs parties. […] La théorie des diagrammes occupe une place importante dans la recherche sémiotique de Peirce; celui-ci reconnaît leurs mérites considérables dus au fait qu’ils sont “véridiquement iconiques, naturellement analogues à la chose représentée”. L’examen critique de différents ensembles de diagrammes le conduit à reconnaître que “toute équation algébrique est une icône, dans la mesure où elle rend perceptible par le moyen des signes algébriques (lesquels ne sont pas eux-mêmes des icônes), les relations existant entre les quantités visées”. Toute formule algébrique apparaît comme étant une icône et “ce qui la rend telle, ce sont les règles de commutation, d’association, et de distribution des symboles.” C’est ainsi que “l’algèbre n’est pas autre chose qu’une sorte de diagramme” et que “le langage n’est pas autre chose qu’une sorte d’algèbre”. Peirce voyait nettement que “par exemple, pour qu’une phrase puisse être comprise, il faut que l’arrangement des mots dans son sein fonctionne en qualité d’ icônes ”» (p. 28).
(p. 35) !!!!!
"Un diagramme peut immobiliser un geste, le mettre au repos, bien avant qu'il ne se blottisse dans un signe, et c'est pourquoi les géomètres ou les cosmologistes contemporains aiment les diagrammes et leur pouvoir d'évocation péremptoire. Ils saisissent les gestes au vol ; pour ceux qui savent être attentifs, ce sont les sourires de l'être." Gilles Châtelet, Les Enjeux du mobile.
- diagrammes en mathématiques et en physique ; diagrammes de Feynman, ceux de Penrose ou encore les diagrammes d'espace- temps de Minkowski.
- "Le schéma ne devient diagramme qu'à la condition d'être interprété"
- Le diagramme combine à la fois une interprétation des signes figurés dans le schéma et la façon dont ces signes fonctionnent entre eux. Notons qu'il n'y a rien de plus souple et de plus malléable que l'indication en ce qu'elle ne dévoile jamais totalement, procédant toujours par indices. L'indication ne fige pas absolument une réalité, elle contient de l'indéterminé 21 , elle suggère des caractéristiques, elle est un art de l'esquisse, ce qui fait du diagramme l'opposé de l'axiome 22 et explique que certains diagrammes contiennent plus que ce dont on les a investi à un moment donné, constituant ainsi de véritables réservoirs de virtualités : Il existe une puissance opératoire tout à fait particulière aux diagrammes. Ils ne se contentent pas de visualiser des algorithmes ou de coder et de compactifier "l'information" pour la restituer sous forme de modèles ou de "paradigmes". Le diagramme est bien ce grouillement de gestes virtuels : pointer, boucler, prolonger, strier le continuum. Une simple accolade, un bout de flèche et le diagramme saute par dessus les figures et contraint à créer de nouveaux individus. Le diagramme ignore superbement toutes les vieilles oppositions "abstrait-concret", "local-global", "réel- possible". Il garde en réserve toute la plénitude et tous les secrets des fonds et des horizons que sa magie tient toujours pourtant en éveil. (Châtelet 1988, p.111-112) (18)
- Deleuze a beaucoup insisté sur la capacité du diagramme à amorcer ou à saisir une réalité à venir, et ce aussi bien dans Mille plateaux 23 que dans son livre sur Bacon. Il est frappant de constater à quel point le diagramme tel qu'il est analysé dans ces deux ouvrages présente de nombreuses similitudes avec le diagramme mathématique ou physique. Dans Francis Bacon. Logique de la sensation, Deleuze souligne que le diagramme tel que le pratique Bacon a pour fonction propédeutique d'amener à l'acte de peindre.
- Deleuze : "En quoi consiste cet acte de peindre ? Bacon le définit ainsi : faire des marques au hasard (traits-lignes) ; nettoyer, balayer ou chiffonner des endroits ou des zones (taches-couleurs) ; jeter de la peinture, sous des angles et à des vitesses variés. Or cet acte, ou ces actes supposent qu'il y ait déjà sur la toile (comme dans la tête du peintre) des données figuratives, plus ou moins virtuelles, plus ou moins actuelles. Ce sont précisément ces données qui seront démarquées, ou bien nettoyées, balayées, chiffonnées, ou bien recouvertes, par l'acte de peindre. Par exemple une bouche : on la prolonge, on fait qu'elle aille d'un bout à l'autre de la tête. Par exemple la tête : on nettoie une partie avec une brosse, un balai, une éponge ou un chiffon. C'est ce que Bacon appelle un Diagramme. (1981, p. 93)"
- Bacon : "Très souvent les marques involontaires sont beaucoup plus profondément suggestives que les autres, et c'est à ce moment-là que vous sentez que toute espèce de chose peut arriver. – Vous le sentez au moment même où vous faites ces marques ? – Non, les marques sont faites et on considère la chose comme on ferait d'une sorte de diagramme. Et l'on voit à l'intérieur de ce diagramme, les possibilités de faits de toutes sortes s'implanter. (Bacon cité par Deleuze 1981, p. 94) 24"
- Diagrammes de Penrose
- Il est important de souligner qu'il n'y a pas d'innocence ou de neutralité de la notation. Tout le génie des créateurs de diagrammes consiste à essayer de rendre la notation suggestive, allusive, parlante ; à l'opposé d'un formalisme muet, mort ou aveugle 28 . Si le diagramme apparaît véritablement comme le véhicule idéal de la pensée quand elle forge de nouvelles intuitions, c'est parce qu'il est un langage non-verbal évitant ainsi d'importer une ontologie obsolète.
- Lors de son intervention au colloque Châtelet, Alain Badiou expliqua que la démarche philosophique de Gilles Châtelet ne s'apparentait pas du tout à une épistémologie. L'épistémologue tue la vitalité de la science, parce qu'il est trop attaché à la positivité des savoirs, c'est à dire à l'atemporalité illusoire des concepts générés par la science, mais aussi parce qu'il est trop formaliste et refuse de considérer l'engendrement comme une donnée essentielle à la compréhension d'un concept : Une philosophie offensive ne saurait se contenter de ratiociner indéfiniment sur le "statut" des objets scientifiques. Elle doit se situer résolument aux avant-postes de l'obscur, en ne considérant pas l'irrationnel comme "diabolique" et réfractaire à l'articulation, mais comme ce par quoi des dimensions neuves peuvent advenir. (Châtelet, 1993, p.22)
Une nouvelle organisation de la pensée : le diagramme de Simone Schuiten
- Il s’agit d’un dispositif graphique constitué de signes qui implique une ou des connexions entre un mouvement et une trace. Par exemple, l’association entre le déplacement du crabe et la figure qui se trace sur le sable.
- La pensée diagrammatique, quant à elle, se définit comme projets qu’elle introduit en tant que potentialités ou possibilités non encore colonisées par la représentation rationnelle.
- La pensée diagrammatique se comprend comme un processus en devenir développant des dynamiques incertaines et se faisant, un même phénomène éclate en ses multiples possibilités. Le diagramme dispose donc d’une double fonction, il est à la fois de l’écriture et de l’image (fig.2).
- Il s’agit d’une première expérience de la pensée, d’une pré-pensée, ou encore d’une pensée en projet. Le diagramme se situe dans l’advenir de la pensée, c’est donc un lieu de transition (fig.3).
Le schème et le diagramme
Les ancrages matériels de la pensée et le partage visuel des connaissances
Sous la direction de Fabien Ferri, Arnaud Macé et Stefan Neuwirth.
- (1) Les jugements arithmétiques, dit Kant, ne sont pas analytiques, c’est-à-dire fondés sur la seule analyse des contenus conceptuels concernés, mais ils requièrent la présentation intuitive – donc temporelle – de ces contenus conceptuels (Kant 1787, B15, p. 75).
- (2) Si ces affirmations kantiennes sont célèbres, les réponses que lui ont apportées Bernard Bolzano ou Gottlob Frege le sont tout autant. Selon Bolzano (1810, p. 136), un jugement arithmétique tel que « 7+2 = 9 » est analytique – il découle de la définition de « 7 », « 2 », « 9 » et de l’associativité de l’addition – et il ne repose pas sur la forme temporelle de l’intuition sensible. De la même manière, Gottlob Frege (1884, p. 6) conteste l’idée que les jugements arithmétiques supposent la présentation intuitive progressive de points ou de doigts. Pour Frege, le temps « n’a rien à voir avec le concept de nombre » (ibid., p. 169-170). D’après la conception logiciste de Frege, les jugements arithmétiques sont analytiques et ne reposent pas sur l’intuition sensible, que celle-ci soit empirique ou pure.
- (5) À l’époque de Frege, Charles Sanders Peirce (CP, vol. 2, § 279) affirme que les preuves formelles reposent elles-mêmes sur la construction de diagrammes, dans lesquelles les formules sont les icônes de relations formelles entre les contenus pensés et la démonstration tout entière l’icône d’une transformation progressive de la première formule en la dernière (CP, vol. 3, § 363). À chaque étape de la démonstration, on peut voir que la transformation d’une formule dans la suivante est conforme aux règles de transformation1 (CP, vol. 4, § 429).
- (14) Selon Kant (1781, A162/B203, p. 209), il est dans la nature de toute quantité extensive qu’un tout ne puisse être présenté qu’à travers la présentation de ses parties et donc à travers une construction progressive (ibid., A714/B742, p. 604). Dès lors, de même que la présentation d’une somme arithmétique par addition progressive de points, la présentation des transformations réglées d’une figure géométrique ou d’une formule algébrique suppose la « synthèse successive » de l’imagination productive et repose donc sur la temporalité d’une telle synthèse.
- (15) Mais est-ce vraiment le cas ? Le temps est-il constitutif – une « condition de possibilité » – de la démonstration ? Ou n’est-il, comme le prétend Frege, qu’une condition psychologique de l’élaboration, de l’expression ou de la compréhension subjectives de la démonstration, et pas une condition de la démonstration objective elle-même, laquelle tient seulement dans ce qui est élaboré, exprimé et compris ? Démontrer est un processus (temporel) fait d’une suite d’étapes. Mais la preuve elle-même réside-t-elle dans ce processus ou seulement dans son « résultat » ou « contenu » ?
- (17) D’après l’antipsychologisme radical de Frege, les actes mentaux ne font pas partie de la preuve, seulement de la manière dont un sujet cognitif peut « saisir » la preuve. Cependant, après qu’il ait lui aussi défendu des thèses antipsychologistes, Ludwig Wittgenstein (1939, p. 250) s’en est détourné pour soutenir que les démonstrations ne doivent pas seulement être valides mais aussi convaincantes. La validité inférentielle est une condition nécessaire mais pas suffisante des démonstrations ; celles-ci doivent aussi être exposées de manière à convaincre des sujets3 (Wittgenstein 1937, § III.39).
- (18) Cela veut dire que le processus entier de suivre le chemin de la preuve, d’aller d’étape en étape en contrôlant la validité de chaque transformation (c’est-à-dire sa conformité aux règles admises), est constitutif de la preuve. Et ceci suppose des actes épistémiques ancrés dans le temps.
- (19) Comme cela a été pointé par différents philosophes de la logique et des mathématiques, les démonstrations ne sont pas seulement faites de relations déductives entre énoncés, lesquelles devraient seulement être « saisies » par des sujets cognitifs ; elles sont faites d’inférences déductives entendus comme « actions épistémiques qui peuvent mener un agent d’une étape épistémique à une autre, par exemple de l’état de savoir ou de croire les prémisses à celui de savoir ou de croire la conclusion » (Hamami et Morris 2023, p. 4-54). Or, prise comme suite d’actes épistémiques qui exécutent un plan spécifique, une démonstration répond sûrement à une organisation temporelle. Lorsqu’ils s’efforcent de rendre compte de la planification des démonstrations mathématiques, c’est-à-dire de la suite rationnelle – plutôt qu’arbitraire – de leurs étapes déductives, Yacin Hamami et Rebecca Lea Morris (2021, p. 5) la comparent à la planification d’un voyage.
- (20) En se focalisant sur l’« activité » démonstrative, c’est-à-dire sur les « déplacements » inférentiels et la manière dont ils sont « planifiés », la philosophie contemporaine des mathématiques impose une conception dynamique des démonstrations (ibid., p. 4). Ceci souligne clairement la structure temporelle des démonstrations (ibid., p. 6), laquelle doit être reflétée dans les diagrammes exprimant ces démonstrations.
- (22) Si les diagrammes doivent être des démonstrations, et si les démonstrations sont des suites d’actes de langage, cela veut donc dire, d’un point de vue sémiotique, que des diagrammes doivent pouvoir présenter un ordre temporel ainsi que divers actes de langage.
- (23) En ce qui concerne l’ordre temporel, il ne paraît, à première vue, pas simple pour un diagramme unique de montrer un chemin d’étapes successives. Comme l’indique le Groupe µ (1992, p. 316), les figures spatiales ne se prêtent pas naturellement à une lecture linéaire, contrairement aux textes linguistiques. Cela semble constituer un problème majeur si les démonstrations sont tout à la fois censées être des diagrammes et supposer un ordre temporel d’actes. C’est là la remarque qu’adressent précisément Doyle et al. (2014) à l’égard d’une démonstration prétendument purement visuelle du théorème de Viviani fournie par Samuel Wolf : ![[preuve-sans-mots.jpg]]
- (24) Toutefois, le Traité du signe visuel du Groupe µ montre aussi comment les figures spatiales peuvent être organisées de telle manière qu’elles en viennent à favoriser une certaine lecture linéaire et dès lors à permettre un chemin temporellement ordonné reliant différentes étapes. Un simple alignement de figures qui montrent des similarités sur plusieurs aspects (taille, forme générale, couleur, etc.) et seulement quelques variations tend à être lu comme une suite de transformations successives d’une seule et même figure (Groupe µ, 1992, p. 328) :
![[rond_vers_cercel.jpg]]
- (25) En raison d’une certaine influence de la sémiotique linguistique sur la sémiotique visuelle, l’alignement de figures qui sont proches en taille et en forme et qui sont vues selon la même perspective tend ici à être lu comme une transformation progressive qui va de gauche à droite. De la même manière, la démonstration bolzanienne (figure 2 ci-dessus) tend à être lue comme une transformation progressive qui va de haut en bas. Comme le font remarquer Fontanille et Dondero (2012, p. 166), varier le point de vue sur les figures plutôt que de présenter une « séquence homéo-sémiotique » permet de mettre le focus sur certaines transformations spécifiques.
- (26) Un autre moyen de doter une figure spatiale d’un ordre temporel, et dès lors de forcer une lecture dynamique d’une image statique, tient dans l’usage de signes conventionnels tels que des flèches. C’est par exemple le cas dans les preuves diagrammatiques peirciennes de la validité de raisonnements de logique propositionnelle :![[démonstration.jpg]]
- (27) Que les démonstrations soient des diagrammes n’implique pas qu’elles soient statiques. En ordonnant ses parties, un diagramme peut présenter des processus dynamiques de transformations. Comme on le voit dans la preuve de Peirce (voir figure 5), mais aussi dans la preuve de Bolzano (voir figure 2), la division ordonnée d’un diagramme en sous-diagrammes permet de faire apparaître tout à la fois les relations idéales (logiques ou mathématiques) sur lesquelles porte la preuve et leurs transformations successives (dans la juxtaposition de formes légèrement différentes).
- (28) Cette dimension narrative et rhétorique du diagramme est ce qui semble manquer dans la démonstration visuelle du théorème de Viviani par Wolf. Le diagramme montre la dernière forme mais ne montre pas clairement par quelles transformations celle-ci a été obtenue. Bien sûr, les étapes précédentes de la construction sont encore apparentes dans le diagramme final, mais elles sont en quelque sorte « cachées » par manque de présentation claire de la genèse de ce diagramme final, c’est-à-dire des transformations successives qui y ont mené. En principe, dans un contexte pédagogique, le diagramme final est construit progressivement devant les étudiants pour qu’ils puissent voir chaque étape ainsi que chaque transformation menant à l’étape suivante. Ici la simple présentation du diagramme final est censée résumer le processus entier, mais il faut un récepteur doué pour « extraire » la genèse de l’image (statique) finale et trouver la preuve qu’elle recèle. La même chose est vraie de la preuve visuelle liée à la somme des angles d’un triangle (figure 1), même s’il est là plus facile de voir comment l’image a été construite et de se convaincre en la reconstruisant.
- ##### Diagrammes animés versus sous-diagrammes juxtaposés
- (29) Pour compenser ce problème, plusieurs solutions ont été explorées. Une première solution consiste à juxtaposer les étapes de la démonstration les unes à côté (ou en dessous) des autres comme c’est le cas dans les démonstrations de Peirce ou de Bolzano. La preuve est alors un supra-diagramme fait de sous-diagrammes montrant différentes étapes de la transformation de la figure. L’ordre chronologique est spatialisé.
- (30) Une seconde solution est de fournir des démonstrations animées, comme c’est désormais le cas dans de nombreux tutoriels (par exemple pour le théorème de Viviani : https://www.geogebra.org/m/nhn6u7mv ). La dynamique de la démonstration est alors prise en charge par la suite chronologique effective des images ; les transformations sont littéralement montrées en étant exécutées dans le temps. La démonstration est explicitement temporelle ; plutôt qu’en un diagramme unique, elle consiste en une suite temporelle de diagrammes.
- (31) Les deux solutions peuvent être comparées du point de vue de leur force démonstrative. C’est ce que mesurent Daniel Archambault et Helen Purchase (2016) pour ce qui est de la saisie cognitive de l’évolution de graphes par des sujets. Des résultats de leurs expériences, il ressort que les graphes animés ne sont plus « efficaces cognitivement » que les suites de graphes variant les uns des autres par « petits multiples » (différentes étapes d’un processus de transformation) que lorsque la « stabilité picturale » est faible, c’est-à-dire lorsque de nombreux « nœuds » se déplacent au cours des transformations ; lorsque la stabilité picturale est forte, c’est-à-dire quand la suite est homéo-sémiotique, l’alignement de figures dans un seul et même diagramme est souvent plus efficace cognitivement qu’un graphe animé dans lequel ces figures apparaissent successivement.
- (32) L’explication de ces résultats est facile à trouver ; s’il peut être utile que des transformations complexes avec changements de perspective soient effectivement exécutées sous les yeux du sujet, ce type de changement dynamique a par contre le désavantage que l’état initial a disparu quand apparaît l’état final. Or, pour qu’on puisse contrôler la régularité des transformations, les états initial et final doivent pouvoir être comparés attentivement, ce qui suppose qu’ils soient tous deux simultanément présents à la vue pour que l’œil puisse aller de l’un à l’autre pour repérer similarités et modifications, comme c’est le cas dans les démonstrations de Bolzano (figure 2) ou Peirce (figure 5).
- (33) Dans le cas des démonstrations géométriques par construction de figures, telles que celle liée à la somme des angles d’un triangle (figure 1) ou celle liée au théorème de Viviani (figure 3), des graphes animés pourraient être plus efficaces dans la mesure où chaque étape de la construction reste « présente » dans les suivantes et où l’animation révèle précisément comment ces étapes résultent les unes des autres. Pour d’autres démonstrations géométriques, cependant, l’alignement d’étapes dans une seule et même image sera vraisemblablement plus efficace qu’un graphe animé. Par exemple, la démonstration suivante du théorème de Pythagore est très efficace : voir image.
- (36) Des images statiques n’empêchent pas qu’on en fasse une lecture dynamique. Et c’est pourquoi des démonstrations peuvent être à la fois diagrammatiques et ancrées dans le temps.
- (41) Comme le souligne Peirce (CP, vol. 4, § 246, § 368), décoder des démonstrations visuelles exige certainement une certaine « familiarisation ». Mais si la familiarisation est tout ce qui est exigé, cela veut dire que les diagrammes peuvent faire le boulot « seuls » pour des gens qui ont été entraînés à les utiliser dans un but démonstratif.
- (42) Lorsque John Austin (1962) a fait remarquer que les phrases linguistiques peuvent être utilisées pour exécuter divers actes de langage, il était conscient qu’elles ne le font pas « par elles-mêmes », mais seulement moyennant un certain entraînement social. Pourquoi serait-ce différent pour les diagrammes ?
L’isotype. De son caractère précurseur en matière de visualisation de l’information Nepthys Zwerp. 105-128
- (2) Resituer l’Isotype (International System Of TYpographic Picture Education) dans le contexte de sa conception permet de s’affranchir du regard disciplinaire parfois porté sur cet objet par la recherche, qui l’examine pour ses apports spécifiques dans les champs tel le design ou la muséographie. Nos recherches nous conduisent plutôt à considérer la méthode comme l’un des outils de l’ingénierie sociale, un dispositif d’amendement de l’ordre social conceptualisé par l’économiste et philosophe Otto Neurath. Parmi ses multiples entreprises, relevant des domaines les plus variés (éducation populaire, plans économiques, logement collaboratif, théories philosophiques, encyclopédie des sciences, etc.), elle est certainement la plus réussie1.
- (6) Dès 1919, sa conception de l’ingénierie sociale (Gesellschaftstechnik) est claire : il s’agit de concevoir des modèles d’organisations économiques alternatifs et de les soumettre aux personnes en charge des décisions politiques. Mais il ne s’agit pas d’imposer des réformes « par le haut » ; cette démarche suppose plutôt que la population soit informée et impliquée dans le choix et la mise en œuvre d’une forme d’organisation particulière5. On comprend le rôle crucial que prend ici la question de la visualisation de l’information à destination du grand public.
- (9) L’équipe de cet institut, dont l’effectif varie au gré des commandes, met au point la méthode viennoise de statistique par l’image (Wiener Methode der Bildstatistik). Les expositions, en partie itinérantes et ouvertes tard le soir, présentent sur de grands panneaux des graphiques à base de pictogrammes illustrant des données statistiques. La politique sociale de la municipalité sociale-démocrate y est évidemment mise en avant, notamment en 1927, à l’occasion d’une grande exposition portant sur « Vienne et les Viennois ». Le musée, divisé en départements, se constitue un fonds documentaire à partir du matériau rassemblé pour les expositions et fait appel, au cas par cas, à des spécialistes de chaque domaine. Il conçoit son propre équipement muséographique, adapté aux locaux mis à sa disposition.
- Figures 2a images du petit ouvrage Die bunte Welt, paru en 1929. Quatre ans après son lancement, l’Isotype est déjà parfaitement au point. Le sort des soldats de la Grande Guerre (avec trois catégories : les démobilisés, les invalides et les morts).
- Figures 2b : images du petit ouvrage Die bunte Welt, paru en 1929. Quatre ans après son lancement, l’Isotype est déjà parfaitement au point. Un cartogramme représentant les contingents par pays. Ces graphiques sont représentatifs des débuts de la méthode.
- (13) C’est le moment où Engelbert Dollfuß s’empare du pouvoir à Vienne et organise le démantèlement de toutes les institutions sociales-démocrates. Le GWM se retrouve en exil à La Haye, où il avait déjà jeté les bases d’un nouvel institut. Dans des conditions difficiles, l’équipe poursuit son travail, avec notamment de grandes expositions et des publications, dont l’important Modern Man in the Making (1939) et des illustrations de méthodes linguistiques, comme le « Basic English » de Charles K. Ogden.
- (16) L’Isotype se nourrit des réflexions philosophiques que Neurath déploie en accompagnement de ses diverses entreprises. L’économiste est connu pour être l’un des protagonistes du Cercle de Vienne. C’est, au départ, un petit groupe de discussion entre scientifiques qui se réunit régulièrement entre 1907 et 1912, puis se reforme dans les années 1920 autour de Moritz Schlick et Rudolf Carnap. Le cercle présente les principes de l’empirisme logique lors de différents congrès en Europe et aux États-Unis10. Il s’agit d’une théorie de la connaissance qui rapporte la philosophie à une épistémologie des sciences par l’analyse de son langage. Pour comprendre le monde, mieux vaut se référer aux sciences, et pour en discuter, mieux vaut un langage plus « neutre », ce qui est exactement ce que propose l’Isotype.
- (19) La méthode Isotype doit donc être pensée dans cette perspective d’une émancipation sociale et politique des individus, l’accès à la connaissance menant à l’exercice du libre arbitre. Son objet est, de prime abord, la transmission d’un savoir social en ce début du court xxe siècle qui accompagne la démocratisation de l’Europe. Elle semble une simple didactique des faits socio-économiques, mais sa visée est l’agentivation des humains. Elle les fait accéder à des connaissances nouvelles ou confisquées, mais développe aussi leur esprit critique et leur « faculté d’argumenter et de penser rationnellement »13. Les graphiques sont faits pour être comparés, pour être discutés, pour que le public questionne autant la façon dont ils sont conçus que leur contenu.
- (20) "En bref, nous voyons aujourd’hui comment, de tous côtés, nous assaillent les chiffres et comment notre avis sur des mesures alimentaires, la réclame, le prix des transports et un nombre incalculable de choses doit être étayé par des données statistiques. La vie la plus intense est fondée sur des quantités, et pourtant la plupart des gens expriment une réticence à se confronter à des rangées de chiffres. […] À tort. Si on remplace les chiffres par des quantités de signes qui parlent sans détour au spectateur, on est sûr d’éveiller l’intérêt général. Cependant, il ne s’agit pas de provoquer des effets individuels aléatoires, mais de transmettre à chaque homme moderne un certain compte d’images quantifiées au moyen desquelles il pourra s’orienter15."
- (21) Parce que les courbes statistiques découragent les gens, dans l’Isotype, la représentation de valeurs se fait au moyen de pictogrammes. Les informations quantitatives sur l’activité humaine valant surtout relativement, la répétition des symboles permet de comparer facilement les masses entre elles ou leur variation. Ce type de représentation iconique de statistiques n’est pas nouveau, l’Isotype ne fait que systématiser l’emploi d’une technique plus juste et plus parlante pour représenter des quantités relatives que celle consistant, par exemple, à jouer sur la taille des symboles.
- (22) Les pictogrammes ressemblent à l’objet signifié : une silhouette féminine représente la femme prototypique. Les formes sont fortement stylisées (Neurath cite pour modèle les symboles de l’écriture hiéroglyphique égyptienne), sémiotisables sans effort, réduites jusqu’au seuil de leur intelligibilité. Comme il n’existe pas d’universaux iconographiques univoques qui permettraient de contourner les références culturelles particulières, l’Isotype propose son propre « langage », un langage à apprendre. Même s’il est très simple et intuitif, il faut mémoriser ses conventions et se familiariser avec sa syntaxe. Les visuels faisant généralement partie d’un ensemble (exposition, livre…), l’information se constitue souvent à partir de plusieurs graphiques, traités de façon homogène sur le plan du design. Les symboles sont divisibles et combinables entre eux. L’économie de moyen produite par la combinaison apparait bien dans l’emploi de silhouettes évidées :
- (24) La disposition sur le plan est primordiale. Dans beaucoup de graphiques Isotype, un axe central permet de comparer des masses, des valeurs absolues et relatives, de détailler des totaux. L’emplacement des groupes de symboles impose un premier sens de lecture (généralement dextroverse de haut en bas), mais l’œil reviendra librement sur les différents éléments, trois temps de lecture devant suffire à saisir l’essentiel de l’information.
- (27) Sous l’apparente simplicité de l’Isotype se cache donc un système de notation complexe. Le géographe Alexander von Humboldt (1769-1859) s’était déjà essayé au développement d’une pasigraphie de signes qui « s’impriment avec facilité à la mémoire en présentant quelque faible analogie avec les objets qu’ils présentent » et qui doivent être saisis « en un coup d’œil »17, sans toutefois développer son idée plus avant. Longtemps après l’Isotype, en 1967, le cartographe Jacques Bertin mettra au point la « sémiologie graphique » en concevant des « formes perceptibles dans l’instant minimum de vision », différenciant les « cartes à voir » des « cartes à lire »18. C’était exactement ce qu’avaient anticipé les conceptrices et concepteurs de l’Isotype, qui misaient sur l’immédiateté d’un message reposant sur des symboles analogiques.
- (29) Dans son efficacité, sa plus grande neutralité et son « universalité » réside le grand avantage de l’Isotype sur la langue parlée. Ceci inscrit ce « langage imagé », comme nous l’avons vu, dans le projet de la science unifiée de Neurath, qui cherche à forger les outils d’une émancipation individuelle et collective. La méthode est ambitieuse, car elle dépasse la simple opération de visualisation de l’information et est avant tout pensée du point de vue de sa réception. L’information est certes rendue accessible au plus grand nombre et l’image s’avère le moyen idéal de le faire, mais le public est aussi invité à s’approprier les techniques du médium lui-même. Chacune et chacun doit apprendre à interpréter et, au besoin, à concevoir ses propres graphiques. L’agentivation de la société civile s’opère ainsi par la mise à disposition d’un outil de communication qui la met en mesure de contribuer elle-même à la construction de la connaissance. L’outil se mue alors en arme des luttes sociales. Les cartes de l’Isotype illustrent parfaitement ce projet.
- (30) Étant donné que l’activité humaine se déploie toujours dans l’espace, il n’est pas étonnant que la cartographie occupe une grande place dans l’œuvre de Neurath. Il ouvre d’ailleurs son autobiographie visuelle sur le Physikalischer Atlas de Heinrich Berghaus, dont, enfant, il affectionnait particulièrement les représentations schématiques (coupe d’une montagne, lignes climatologiques, etc.21).
- (32) Bien sûr la représentation spatiale d’une information quantifiée n’est pas nouvelle. Depuis Ptolémée, des tentatives de codification des informations que l’on reporte sur des cartes sont nombreuses. Mais ces cartes, on les voudrait à la fois « ressemblantes » et exhaustives, ce qui les surcharge de détails et de mentions écrites. La deuxième moitié du xixe siècle marque une avancée en la matière, avec, par exemple, la représentation de flux de marchandises imaginée par l’ingénieur du génie civil Charles Joseph Minard (1781-1870) en France : la largeur des traits qu’il dessine sur la carte est proportionnelle au volume du flux. La carte devient le support d’une information ne portant pas sur la topographie (la silhouette des continents est même sciemment déformée pour faire place au tracé maritime des flux), mais sur une réalité économique ou sociale. C’est la science statistique (et non géographique) qui, au début du xixe siècle, se pose la première la question d’une sémiologie graphique et cartographique standardisée22. L’invention de l’Isotype, qui s’inscrit dans ce moment, se révèle alors novatrice à plusieurs titres : son analyse spatiale des phénomènes socio-économiques, son innovation sémiographique et sa dimension politique.
- (34) Les cartogrammes, même quand ils portent sur des éléments physiques (végétation, surfaces agricoles, etc.) ne cherchent pas à montrer un « réel », à mimer la topographie, mais en proposent des représentations schématiques. Il ne peut d’ailleurs en être autrement pour une carte thématique, qui représente des informations à propos d’objets ou de phénomènes géographiques. Comme dans les tableaux isotypiques, le message du cartogramme doit être réduit à l’information pertinente, celle qui suffit à éclairer le propos, ce qui, selon Neurath, fait place nette à la réflexion et l’action : « Dans la vie, pour prendre des décisions nous avons besoin que nos yeux s’adaptent aussi bien à l’écrasante multiplicité des détails qu’à une profonde schématisation des importantes corrélations qui existent entre les objets devant nous. »
- (38) La démarche même de création empirique de l’Isotype, qui procède par tâtonnements, par un va-et-vient permanent entre la proposition graphique et la réception de l’image, semble lui avoir ouvert grand les portes de l’inventivité. Ses choix techniques, qui résultent d’une réflexion et d’essais sur le design graphique, font sortir de la carte tout le superflu et concentrent le message sur son véritable propos : que se passe-t-il ? où cela se passe-t-il ? qui fait quoi ? qu’est-ce qui explique ces corrélations que je crois détecter entre différents phénomènes ? Ce sont aujourd’hui les préoccupations mêmes de la cartographie radicale et critique, autant sur la forme que sur le fond.
- (39) Il faudra attendre la deuxième moitié du xxe siècle pour que la formalisation d’un langage cartographique intéresse vraiment les géographes. En France, dans les années 1960-1970, Jacques Bertin propose sa « sémiologie graphique », un système très abouti, visant l’efficacité de lecture. La construction de la carte, réduite aux deux dimensions du plan auxquelles ne peut être adjointe qu’une seule dimension supplémentaire (taille, valeur, grain, couleur, orientation, forme), obéit à des règles rigides de dessin et de lisibilité – une nouvelle langue savante qui ne facilite pas la lecture aux néophytes. Il en est de même de la chorématique de Roger Brunet, qui relève d’une analyse exploratoire et propose des schémas qui sont en fait des modèles. Les figures géométriques posées sur la carte pour les besoins de l’analyse prennent même un caractère d’énoncé prescriptif et la chorématique va s’imposer en France dans le cadre des grandes politiques d’aménagement du territoire des années 1970-198026.
- (43) Parmi les graphistes d’information et géographes se revendiquant de l’activisme politique, l’Isotype est donc une référence historique. Sans que l’on puisse identifier une filiation directe, théorique ou pratique, entre ces deux approches de la visualisation de l’information, cette affirmation semble relever d’une simple reconnaissance de la similarité des démarches, tant pour ce qui concerne leur objet (l’activité humaine dans l’espace) que leur motivation politique (la lutte pour la justice spatiale, donc la justice sociale). S’y mêle une réelle admiration pour une méthode qui a bousculé, avec intelligence, les codes de la représentation graphique de l’information.
-
Contrariétés de l’analogie : images et diagrammes
- (5) Dans un diagramme typique, comme le remarque encore Roman Jakobson, « le signifiant présente avec le signifié, une analogie iconique en ce qui concerne les relations entre leurs parties10 ». C’est donc une similarité de second ordre.
- (6) De ce point de vue, il est intéressant de mesurer l’écart qui existe entre deux types d’images qui entrent dans la classe des images informationnelles : les cartes et les graphes. Cartes et graphes constituent en fait deux limites du concept du diagramme. Tandis que la carte, à demi-paysage, maintient un rapport analogique étroit avec ce qu’elle représente (encore qu’une carte procède évidemment aussi à de nombreuses abstractions à partir du territoire qu’elle cartographie), le graphe inaugure un nouveau type de représentation où la ressemblance est transposée de la relation à l’objet, à la relation à la structure. Comme le suggère Edward Tufte, lorsque le mathématicien J. H. Lambert ou l’économiste William Playfair dissocient la représentation de quantités dans les graphes, des données physiques du monde, lorsqu’ils font apparaitre sur le graphe des relations qui ne sont pas visibles dans le monde physique, ils tracent en réalité un chemin hors de la carte, rompant avec les contraintes d’un rapport analogique plus immédiat11 (un rapport de priméité pour reprendre les termes de Peirce12). Le graphe est pour ainsi dire la forme idéalisée du diagramme.
- (18) Les diagrammes rendent bien d’autres services encore. Réorganisant les données, mettant en avant certaines interrelations, pondérant le réel et l’histoire suivant les partis pris symboliques engagés dans le mode de présentation visuelle, il faut les compter au nombre des outils à notre disposition pour produire de nouvelles versions du monde24 . Ils augmentent en fait « la lisibilité du monde25 » et participent de son intelligibilité. Les diagrammes de l’artiste George Macunias mettent en avant certaines connexions inattendues entre artistes, produisant des classements et des catégories esthétiques nouvelles. Les diagrammes Isotype d’Otto Neurath (voir figure 5) rendent directement visibles les relations économiques et sociales dans lesquelles sont pris les individus. Il s’agit pour le philosophe de faire connaître l’existant – les interrelations entre phénomènes sociaux objectivés dans les données statistiques – afin d’augmenter le pouvoir d’agir des individus26.
- (19) Tous les engagements symboliques qui sont pris dans les diagrammes sont directement fonction de cette orientation cognitive. Une carte routière représente les voies de circulation et non la répartition de la faune ou de la flore (ce qui peut justement s’interpréter comme un cas de pondération du réel)27. Les partis pris graphiques adoptés dans une représentation cartographique indiquent souvent quel genre de visée elle poursuit. Il resterait bien sûr à analyser plus finement telle ou telle carte. Est-elle engagée à l’égard de la forme des routes, de la distance kilométrique, du relief ? Toutes les cartes ne prennent pas les mêmes engagements à l’égard des états de choses qui y sont représentés28. Les cartes maritimes des îles Marshall indiquent la direction des vents et la position des îles. Le maintien d’un isomorphisme strict entre les éléments matériels de la carte (bâton de bambou et coquillage) et les données géographiques qu’elle représente indique comment l’interpréter et l’utiliser. En revanche, ce serait une erreur d’interpréter symboliquement la forme des coquillages ou leur taille : ce ne sont précisément pas des états de choses à l’égard desquels la carte s’engage et donc des propriétés qu’elle exemplifie en tant que symbole. Des choix représentationnels sont pris, auxquels nous devons être attentifs. C’est une conséquence de la désaturation de la syntaxe de ces systèmes représentationnels29.
- (21) C’est un point de méthode qui a son importance philosophique. Il est en effet crucial de rappeler que la liberté que nous avons de produire certaines versions du monde à l’aide de moyens symboliques, ne signifie pas la licence de faire n’importe quoi. Dans la construction de diagrammes nous sommes tenus par les engagements symboliques que nous prenons. La mise en évidence des bonnes corrélations, le respect des règles de l’isomorphie, la cohérence représentationnelle, la mise en évidence des artefacts représentationnels30 ou encore « l’intégrité graphique31 » comptent au nombre de ces critères. Ainsi, nous ne pouvons pas, sauf à produire un diagramme fallacieux, corréler l’augmentation d’une quantité par une augmentation de la taille de la figure en laissant indéterminée la question de savoir si c’est la hauteur qui compte ou le calcul de l’aire32. Pour des raisons d’intégrité graphique, il est par ailleurs important que la grandeur de l’effet produit sur le graphique soit corrélée à la grandeur de l’état de chose mesuré. Un graphique « ment » ou est incorrect lorsque le rapport de ces deux grandeurs est distordu33. Si nous représentons des relations d’ordre, il faut veiller à ce que les conventions graphiques adoptées n’entrent pas en contradiction avec l’appariement réel de tels ou tels états de chose du monde34. Enfin, lorsqu’un diagramme se présente comme une image-type (par exemple un diagramme floral ou un schéma anatomique), il convient de s’interroger sur son degré de typicité et d’exemplarité : exemplifie-t-il correctement les propriétés qu’il représente35 ? En dernière analyse, examiner toutes les façons variées qu’ont les diagrammes de véhiculer et de représenter l’information (certaines correctes, d’autres incorrectes) est une occasion de réfléchir aux critères de correction qui valent pour l’ensemble des versions du monde que nous produisons avec des moyens symboliques. De fait, cela nous oblige à porter notre attention sur une normativité qui s’exerce dans différentes directions et pour n’importe quel type de représentation verbale ou non-verbale ; une normativité qui déborde largement les concepts étroits de vérité ou de réalisme iconique36.
Ancrages et variations diagrammatiques-et-gestuels en politique | Philippe Roy
- (2) La première idée qui vient spontanément quand on parle de geste est celle des gestes de nos mains. Mais celle-ci est de suite étendue à tout le corps puisque nous viennent aussi à l’esprit des gestes techniques, des gestes sportifs, des gestes d’artistes, des gestes du visage, etc. On conçoit les gestes comme des manières d’être corporelles. Ces manières d’être peuvent être adaptées à un but (geste technique) mais valoir pour elles-mêmes en tant qu’expressivité d’un individu. Bien plus, cette expressivité est productrice de sens. Le rhéteur du ier siècle apr. J.-C. Quintilien en convenait dans son Institution oratoire :
L’importance du geste pour l’orateur est suffisamment visible du seul fait que, même sans les paroles, il fait comprendre la plupart des choses. En effet, les mains, mais aussi les signes de tête manifestent notre volonté, et, pour les muets, les gestes tiennent lieu de langage ; la danse également, sans l’aide de mots, est souvent expressive, et émouvante, et d’après la physionomie et la démarche d’une personne, on devine son caractère […] Le rôle souverain est surtout dévolu au visage. Par son intermédiaire, nous sommes suppliants, par lui menaçants, par lui flatteurs, par lui tristes, par lui gais, par lui fiers, par lui humbles ; c’est à lui qu’est suspendu l’auditoire, sur lui que se fixe l’attention, lui qu’on regarde, même avant que nous parlions, lui qu’on aime, lui qu’on hait, lui qui nous fait entendre beaucoup de choses, lui qui vaut souvent toutes les paroles1.
- (3) Croirait-on voir venir ici ce pourquoi je parle de geste politique ? N’aurais-je pas en vue les gestes des orateurs, des tribuns et même les gestes symboliques des monarques ? Eh bien non. Du moins pas seulement, ce n’est qu’une très petite partie de la gestualité politique. Pour m’en expliquer il me faut poursuivre ma réflexion sur les gestes corporels. Tout d’abord, il importe de souligner que des gestes peuvent s’accomplir à plusieurs. Par exemple, tel individu tient un piquet pendant que l’autre donne des coups de masse pour l’enfoncer, deux gestes contribuent ici au geste de planter un piquet. Pensons à deux personnes qui dansent ensemble ou encore aux différents gestes de musiciens d’un même orchestre. Cette dimension collective de la gestualité n’est pas sans faire écho à la politique. Mais tout geste est en lui-même déjà collectif. Mon geste d’écrire ces mots sur mon clavier met en relation diverses parties de mon corps et de ma main. Ma perception est même partie prenante de ce geste, celui-ci l’enveloppe. Or, ces rapports relatifs de mouvement et de repos formant un geste sont conformes à la définition que Spinoza donne d’un Individu dans l’Éthique :
Quand certains corps de même grandeur ou de grandeur différente sont contraints par les autres corps à rester appliqués les uns contre les autres ou, s’ils se meuvent à la même vitesse ou à une vitesse différente, sont contraints à se communiquer leur mouvement les uns aux autres selon un certain rapport, nous disons que ces corps sont unis entre eux et que tous composent ensemble un seul corps, c’est-à-dire un Individu qui se distingue des autres par cette union des corps2.
- (4) Si bien qu’il en vient à affirmer que lors d’un geste collectif nous formons temporairement une même chose singulière : « Si plusieurs individus concourent à une action unique, de telle sorte qu’ils soient tous simultanément la cause d’un seul effet, je les considère tous dans cette mesure comme une seule chose singulière »3. Un geste est donc unifiant car une certaine relation est établie entre des corps ou des gestes de plusieurs individus. Si bien que deux gestes, deux manières d’êtres seront analogues s’ils impliquent les mêmes relations. Cette identité relationnelle est ce qui caractérise un diagramme.
- (5) Suivons sur ce point le philosophe-sémiologue américain Charles Sanders Peirce. Pour lui, le diagramme est un type de signe appartenant au genre de l’icône. « Une icône est un signe qui renvoie à l’objet qu’il dénote simplement en vertu des caractères qu’il possède »4. Il donne comme exemple « un trait au crayon représentant une ligne géométrique »5. « L’icône de quelque chose […] ressemble à cette chose »6. Un diagramme est bien une icône au sens où il ressemble à l’objet dont il est le signe, non pas à cause d’une même apparence (comme une image), mais parce qu’il entretient les mêmes relations que lui entre ses parties. « Beaucoup de diagrammes ne ressemblent pas du tout à leurs objets, à s’en tenir aux apparences ; leur ressemblance consiste seulement dans les relations de leurs parties »7. On peut parler d’analogie entre le diagramme et ce dont il est la re-présentation. Pensons par exemple aux diagrammes en statistique, les rapports entre les rectangles d’un histogramme ont le même rapport que les effectifs des caractères étudiés ou en philosophie à la ligne de Platon représentant, dans la République, les rapports entre les différents genres de réalités (dont les deux genres principaux sont l’intelligible et le sensible).
- (7) C’est cette immanence du diagramme à un geste que l’on va retrouver dans la pensée politique et plus particulièrement dans celle de Foucault. On n’attribue pas habituellement la gestualité à sa pensée. Ce n’est pas le cas du diagramme. On le trouve mentionné une fois dans Surveiller et punir. Deleuze en donnera une plus grande extension que cette seule occurrence dans son Foucault.
- (8) Pourtant du diagramme au geste il n’y a qu’un pas, que Foucault aurait pu faire lui-même lorsqu’il introduisit le concept de diagramme. En effet, après avoir proposé l’analyse du pouvoir disciplinaire, il va justement désigner le Panopticon comme étant le diagramme de ce pouvoir, de ce geste politique. Rappelons rapidement que le Panopticon est un modèle de prison inventé par le philosophe et jurisconsulte britannique Jeremy Bentham au xviiie siècle. La prison est construite circulairement, les cellules occupent la circonférence et la tour des surveillants est au centre du cercle. Une ouverture est agencée dans chaque cellule, tournée du côté intérieur du cercle vers la tour. La lumière venant de l’extérieur de la prison, pénètre chaque cellule par sa fenêtre, elle éclaire l’intérieur de la cellule. Les surveillants peuvent voir les prisonniers par de petits trous percés dans leur tour, ces derniers pouvant ainsi soupçonner constamment d’être surveillés. Ce pourquoi les surveillés en arrivent à se surveiller eux-mêmes par soupçon de l’être. Le Panopticon est le diagramme des sociétés disciplinaires, qui est en partie la nôtre, puisqu’il est en jeu dans tous les lieux où s’exerce ce type de pouvoir : prison, école, usine, hôpital mais aussi dans le rapport que chacun a avec soi. Foucault peut donc écrire : « le Panopticon ne doit pas être compris comme un édifice onirique : c’est le diagramme d’un mécanisme de pouvoir ramené à sa forme idéale »8. Surveillant et surveillé sont à la fois objets du diagramme et sujets de celui-ci en tant qu’ils en permettent l’activation. Ils sont sujets-objets, ils sont des points d’ancrages activateurs. Et Foucault en employant les termes de forme idéale tient bien à distinguer le diagramme de toutes ses effectuations concrètes telle la prison panoptique elle-même ou tels types d’école, de prison, etc. qui sont plutôt des dispositifs effectuant le diagramme.
- (9) Le diagramme Panopticon est donc un certain enveloppement de relations spatiales et temporelles, une topologie marquée par des places mais aussi des conduites (des gestes) propres à chaque place. Mais y a-t-il alors un geste associé à ce diagramme disciplinaire ? Oui, Foucault écrit que « chaque fois qu’on aura affaire à une multiplicité d’individus auxquels il faudra imposer une tâche ou une conduite, le schéma panoptique pourra être utilisé »9. Imposer une tâche ou une conduite à une multiplicité d’individus est bien le geste du pouvoir disciplinaire. Ce geste est le dehors intérieur à une multiplicité comme à chaque individu (qui va jusqu’à se surveiller lui-même) : il est cause immanente.
- (10) Ce geste forme à chaque fois une individualité temporaire quand est effectuée la relation du geste qui correspond aux places occupées (par exemple la relation entre un professeur et un élève, un gardien de prison et un détenu, etc.). En quoi le pouvoir est moins un rapport de force que l’effectuation d’un geste. Le rapport de force ne met pas assez l’accent sur la manière dont une force se rapporte à l’autre. Foucault dit bien du pouvoir qu’il « est bien toujours une manière d’agir »10 [je souligne]. Lorsque Deleuze évoque ce qu’il appelle le dualisme de la force, affecter-être affecté11, on peut s’interroger sur ce que peut bien signifier qu’une force affecte et est affectée. Au sein d’une relation de pouvoir, il est plus correct d’évoquer la manière dont se rapporte une action à une autre. De même que le geste du forgeron rapporte son action de frapper d’une certaine manière à cette autre action qu’est la fusion du métal (qui se dilate, se courbe). De ceci découle que frapper n’affecte pas le métal sans être affecté par lui. Une action de pouvoir n’est donc pas un simple vecteur, elle n’est pas une force, car le concept de force ne met pas assez l’accent sur la manière dont l’action se rapporte à une autre.
- (11) La force n’est-elle pas plutôt une conséquence de rapports entre des gestes ? Un geste, qui est une manière d’agir, affectera un autre geste s’il se compose, ne se compose pas ou se compose partiellement avec lui, la force est l’effet de ces compositions. Je suis plus fort que quelqu’un car l’autre ne peut parer à mes gestes qui déjouent et décomposent les siens ou je l’affecte positivement (je lui donne de la force) si mon geste lui convient. Et inversement, je ne serai affecté qu’en fonction de mes gestes. C’est un geste qui affecte et qui est affecté, la force est l’évaluation sentie du rapport entre gestes, une baisse ou une augmentation de puissance (en quoi se dévoile ici une vectorialité affective). La force est un affect car elle relève des puissances et manières d’agir de chacun et de leurs rapports, elle est un effet. Il y aura rapport de force entre le professeur et l’élève si celui-ci n’effectue pas le geste qu’il doit accomplir en relation avec lui, si la manière de l’un ne se compose pas avec la manière de l’autre et que l’un et l’autre ne concourent pas temporairement au geste disciplinaire, ne formant pas un individu (pour reprendre ce que disait plus haut Spinoza).
- (13) Pour éclairer l’idée d’enveloppement virtuel du geste, on peut suivre Agamben qui dans son texte « Notes sur le geste » retient notre attention sur ce qu’il se passe quand on regarde une photographie d’un geste. On restitue une certaine mobilité à l’image immobile d’un geste. Cette dernière serait celle d’un tout virtuel mobile, son image du geste en serait une coupe. Elle serait gestuelle parce qu’elle serait cette coupe.
- (14) Ou pour le dire autrement, l’image du geste est comme le photogramme d’un film, c’est-à-dire d’un ensemble d’images-mouvements (un film est en effet composé d’images qui sont intrinsèquement en mouvement, qu’on ne confondra pas avec le mouvement de l’appareil cinématographique, il est question ici de l’image à l’écran). Gilles Deleuze a pu montrer, suivant en cela Bergson, que ces images-mouvements sont aussi celles d’un niveau de la réalité (dépassant l’opposition entre réalité psychique et réalité physique). L’image d’un geste serait alors réellement comme un photogramme d’une réalité (images-mouvements ou même une image-mouvement) que serait par exemple la gestualité d’une époque. C’est ainsi qu’Agamben interprète Mnemosyne, l’atlas inachevé aux mille photographies de l’historien d’art Aby Warburg qui « loin de n’être qu’un immobile répertoire d’images, offre une représentation à mouvement virtuel des gestes de l’humanité occidentale […] à l’intérieur de chaque section, chacune des images est envisagée moins comme réalité autonome que comme photogramme »14.
- (15) Dès qu’un geste a lieu, un enveloppement précède toutes les images que nous pourrions percevoir de lui. L’image-mouvement qu’est l’enveloppement du geste n’est donc pas de l’ordre du temps chronologique, il est paradoxalement une forme d’immobilité (ce qu’exprime l’idée d’enveloppe) impliquée par la mobilité chronologique.
- (16) Les neurophysiologistes ont su mettre au jour les fameux neurones miroirs qui rendent possible de simuler un geste alors même que nous ne l’effectuons pas (en le percevant seulement) ou n’avons pas commencé à l’effectuer. Chaque geste est précédé par un modèle neuronal qui correspond dans mes termes au diagramme du geste :
Lorsque nous attrapons le bol de café, notre cerveau produit un ordre moteur qui coordonne les actions des muscles du bras, des yeux, etc. Cette coordination est assurée en partie par le cervelet. Les physiologistes et les roboticiens ont émis l’idée que les réseaux de neurones du cervelet ont des propriétés telles que, si l’on envoie une copie de l’ordre moteur dans cette structure, il sort de ces réseaux des signaux qui permettent de prévoir quel sera le mouvement réellement effectué par le bras avant même que le bras ne les exécute. […] Autrement dit ces réseaux sont des modèles internes du bras15.
- (17) Le modèle n’est donc pas une idée en son sens platonicien mais un geste-diagramme. Et contrairement à une idée, un diagramme comme un geste, a pour propriété de rendre possible la variation. Je n’attrape pas un bol de café comme j’attrape une balle. L’objet du geste met en variation son diagramme. De même qu’un sujet-objet du diagramme d’un geste politique va mettre en variation celui-ci. Le geste policier varie en s’effectuant différemment en banlieue ou dans les beaux quartiers… Ou encore, dans La volonté de savoir Foucault identifie le geste de souveraineté au geste de prélever, il en énonce des variations possibles en fonction de ses objets :
Le pouvoir [de souveraineté] s’exerçait essentiellement comme instance de prélèvement, mécanisme de soustraction, droit de s’approprier une part des richesses, extorsion de produits, de biens, de services, de travail et de sang, imposée aux sujets. Le pouvoir y était avant tout droit de prise : sur les choses, le temps, les corps et finalement la vie ; il culminait dans le privilège de s’en emparer pour la supprimer [droit de faire mourir et de laisser vivre] »16.
- (19) Les rapports de pouvoir « ne peuvent exister qu’en fonction d’une multiplicité de points de résistance : ceux-ci jouent, dans les relations de pouvoir le rôle d’adversaire, de cible, d’appui, de saillie pour une prise »18. Par exemple, lors du mouvement des Gilets jaunes, l’État a tenté de prendre appui sur leur désir d’assemblées citoyennes pour lancer son grand débat national, s’adaptant à ce désir. Les gestes et leurs diagrammes varient donc en fonction des confrontations de leurs manières d’être.
- (21) Berthoz souligne que « les lois qui sous-tendent les mouvements de la main sont les mêmes que celles qui sous-tendent la production de trajectoires locomotrices »20. Pas de gestes de notre corps qui ne supposent des ancrages : centres ou axes d’équilibres mobiles. En quelque sorte, un geste se porte lui-même car son diagramme suppose des ancrages par où le geste arrive. Le geste de marcher arrive littéralement par la tête (où se trouve le centrage système vestibulaire de contrôle).
Le bébé commence par dodeliner de la tête et organise sa locomotion par une série de programmes moteurs et de réflexes qui prennent le sol comme repère et ancrage. La moindre variation du sol le met en péril. C’est vers 3 à 5 ans que le petit homme acquiert la capacité de courir et sauter, de faire du « tout-terrain ». À son échelle, il s’est produit une sorte de révolution galiléenne : la tête est stabilisée en rotation, le regard guide son attitude21.
- (23) Le geste, et plus particulièrement ici un geste politique (de l’imperator), met l’accent sur l’attitude de se porter, ce qui induit un ancrage diagrammatique en lequel se concentre l’agent pour faire arriver et soutenir son geste. Il a été question plus haut du geste platonicien de la justice. Or, Platon pointe lui aussi dans le Phédon un certain ancrage pour que ce geste soit porté, nécessaire à la pensée d’une vérité. L’âme se détourne du corps, elle se désenchaîne des désirs, lorsqu’elle _se concentre elle-même en elle-même_23. Elle se met dans l’état de penser : « Cet état de l’âme, c’est bien ce qu’on appelle la pensée ? »24. Dès lors, il ne faut pas craindre de faire le pas suivant qui affirme que même un geste collectif a ses ancrages pour être porté et se faire arriver en se conjuguant avec la variation. C’est d’autant plus vrai lors d’un geste-événement collectif (avec ses vives émotions) unissant un peuple qui met en variation son diagramme comme les danseurs le font pour une danse improvisée.
- "Comme si les colonisé.e.s avaient saboté les programmes disciplinaires historiquement intégrés par le pouvoir colonial dans leurs musculatures et leurs systèmes nerveux. […] Comme si leurs corps avaient produit une hallucination collective, créatrice d’un mouvement réel qui a effectivement transpercé les frontières du pouvoir colonial. […] À cette mise en scène des états et des rythmes corporels par le pouvoir colonial répondent des pratiques corporelles résistantes, des formes de danses autonomes. Les soulèvements de décembre 1960 font résonner une nouvelle cadence en rupture avec la rythmique impériale. Il semble que les colonisé(e.s) se soulèvent comme peuple en dansant ensemble mais aussi en dansant à la face de toute la société coloniale. Cette contre-chorégraphie constitue un processus de désaliénation musculaire. La danse comme l’insurrection semble fonctionner comme des pratiques collectives soignantes25
Sémiologie de Jacques Bertin
p96
Dans La sémiologie du système graphique, Jacques Bertin, sémiologue et cartographe français propose une théorie de sémiologie graphique. Il veut à travers son livre proposer un ensemble de règles pour concevoir des images efficaces et lisibles et rendre compte rationnellement de comment l'oeil réagit à l'information. Il va proposer tout un système et toute une gamme de signes en fonction de catégories distinctes et montrer les relations qu'il y a entre ces signes pour parler à l'œil le plus rapidement possible. Le champ de diagramme est central dans son bouquin puisqu'il fait même partie du sous-titre qui est les diagrammes, les réseaux, les cartes. Il y consacre même le premier chapitre de la deuxième partie, intitulé sobrement "Les diagrammes ». Et il y donne une définition qui est la suivante : "La construction graphique est un diagramme lorsque les correspondances dans le plan peuvent s'établir entre toutes les divisions d'une composante et toutes les divisions d'une autre composante." Donc on retrouve comme dans nos définitions précédentes un rapport à l'espace plan et au temps et à la définition d'une composante en analogie avec une autre. Dans la page de titre, il va aussi présenter un sous-paragraphe intitulé « Processus de construction » où il dit « Pour construire un diagramme, il faut a. définir une représentation des composantes, b. noter les correspondances. La construction de base s'exprime par le schéma, c'est-à-dire qu'elle implique la mobilisation orthogonale des dimensions du plan, la mobilisation pour la troisième composante d'une variable rétinienne ordonnée et la mise en ordre des composantes qualitatives par diagonalisation. » En résumé, on peut dire qu'un diagramme chez Bertin existe quand on croise deux ensembles de données dans un espace plan; pour revenir aux définitions précédemment abordées, c'est une mise en relation systématique entre deux ou plusieurs composantes.
Le système Minard
- Voir Harley
- Joanna Drucker (8)
- CARTE DE FLUX - Ménard (1781-1870)
- Sur 60 faites les 2/3 sont des cartes de flux
- Information, titre, dates, origines des données = ouverture
- Ingénieur à la retraite il n'est pas mandaté, choisit son sujet.
- Fond de carte qui précède les statistiques
- Critique de Joost Grootens vis-à-vis des cartes
-
CINEMA
https://journals.openedition.org/1895/4560
https://www.iri.centrepompidou.fr/outils/lignes-de-temps/
Introduction à l'analyse de l'image - 4 éd
1 - La notion d'images : usages et significations
- Peirce > 3 types de signes : Icône, Indice et Symbole.
- Icône relation d'analogie avec ce qu'il représente >> image >> diagramme >> métaphore
- Index ou Indice > entretient avec ce qu'il représente une relation causale de contigüité physique.
- Symbole
Sémiologie de l'image au milieu du 20e siècle > étude des messages visuels. Image devenu un symbole de la représentation visuelle.
Roland Barthes : "Comment le sens vient-il aux images ?" < note de bas de page
Plusieurs principes :
1° > une image est hétérogène <<>> images (signes iconiques) <<>> signes plastiques (couleurs, formes, composition interne, textures) <<>> signes verbal.
Interaction qui produit du sens.
2.6 Le point commun entre les différentes significations du mot "image" semble bien être avant tout celui d'analogie. (...) Une image est d'abord quelque chose qui ressemble à quelque chose d'autre.
image est dans la catégorie des représentation. évoquer.. image = signe.
Signe analogique
Différence majeure entre les images fabriquées et les images enregistrées.
Le images fabriquées sont des icônes parfaites. Les images enregistrées sont des trâces, donc des indices avant d'être des icônes.
Image est un mélange de degrés différents entre la ressemblance la trace et la convention.
2 - Analyse de l'image : Enjeux et méthode.
La dialectique de l'image comme langage universel
confusion entre perception et interprétation > reconnaître des animaux sur les grottes de Lascaux ne nous indique pas sur leur signification précise.
La reconnaissance demande un apprentissage.
La dialectique des intentions de l'auteur
Interprétation de de l'analyse correspond vraiment à l'attention de l'auteur ?
"Mais si l’on persiste à s’interdire d’interpréter une œuvre sous prétexte qu’on n’est pas sûr que ce que l’on comprend correspond aux intentions de l’auteur, autant arrêter de lire ou de regarder toute image immédiatement."
"Le message est là : voyons-le, examinons-le, comprenons ce qu’il suscite en nous, comparons avec d’autres interprétations ; le noyau résiduel de cette confrontation pourra alors être considéré comme une interprétation raisonnable et plausible du message, à un moment X, dans des circonstances Y."
"Ce que nous voulons dire par là, c’est que, pour analyser un message, il faut commencer par se placer délibérément du côté où nous sommes, à savoir celui de la réception."
L'art intouchable
"« il appartient à la grande famille des génies »."
"On peut ainsi comprendre que l’analyse soit insupportable à certains qui y voient une menace pour l’intégrité et l’authenticité de leur expérience."
"En revanche, sa pratique peut, a posteriori, augmenter la jouissance esthétique et communicative des œuvres, car elle aiguise le sens de l’observation et le regard, augmente les connaissances et permet ainsi de saisir plus d’informations (au sens large du terme) dans la réception spontanée des œuvres."
Objectifs et méthodologies de l'analyse
Une bonne analyse se définit d’abord par ses objectifs, avons-nous dit. Définir l’objectif d’une analyse est en effet indispensable pour mettre en place ses outils mêmes, tout en se rappelant qu’ils déterminent hautement et l’objet de l’analyse et ses conclusions. En effet, l’analyse pour elle-même ne se justifie pas plus qu’elle n’a d’intérêt. Elle doit servir un projet et c’est celui-ci qui lui donnera son orientation comme il permettra d’élaborer sa méthodologie. Pas de méthode absolue pour l’analyse, mais des choix à faire, ou à inventer, en fonction des objectifs.
Recherche d'une méthode la méthode Roland Barthes
"il tient des signifiés ; donc, en cherchant le ou les éléments qui provoquent ces signifiés, il leur associera des signifiants et trouvera alors des signes pleins. C’est ainsi qu’il découvre que le concept d’italianité qui ressort largement d’une fameuse publicité pour les pâtes Panzani, est produit par différents types de signifiants : un signifiant linguistique, la sonorité « italienne » du nom propre ; un signifiant plastique, la couleur, le vert, le blanc et le rouge évoquant le drapeau italien ; et enfin des signifiants iconiques représentant des objets socioculturellement déterminés : tomates, poivrons, oignons, paquets de pâtes, boîte de sauce, fromage… Les conclusions théoriques que nous pouvons tirer actuellement de cette recherche n’ont pas été toutes envisagées à l’époque, tant la recherche était neuve."
L'analyse des films, de T.Aumont et M. Marie
- Fiches filmographiques de L'IDHEC, 1950 par André Bazin
- Utilisation caricaturale de méthode de philosophe (5)
- Renoncer à former une "grille" | Maintenir équilibre entre singularité des analyses et souci de réflexion méthodologique, voir épistémologique.
- Pas la prétention de faire un outil miracle qui permet à n'importe qui d'analyser un film. > donner le goût de l'analyse. > approfondir sa réflexion sur les films.
Chapitre 1 : Pour une définition de l'analyse de films.
- Analyse et autres discours sur le film
// 1.1 Divers types de discours sur le film.
Analyse du film en tant qu'objet qui sort de l'analyse juridique, sociologique, psychologique sur le film et les sciences humaines.
Le but de l'analyse est alors de faire mieux aimer l'œuvre en la faisant mieux comprendre. Il peut également être un désir de clarification du langage cinématographique, avec toujours un présuppposé valorisant vis-à-vis de celui-ci. (8)
Les méthodes d'analyse que nous étudierons dans ce livre appartiennent à cet ensemble. Nous considérerons par conséquent le film comme une œuvre artistique autonome, suceptible d'engendrer un texte (analyse textuelle) fondant des significations sur des structures narratives (analyse narratologique) sur des données visuelles et sonores (analyse iconique) produisant un effet particulier sur le spectateur (analyse psychanalitique). Cette œuvre doit être également envisagée dans l'histoire des formes, des styles et de leur évolution. (8)
Toutefois, la myopie analytique peut se transformer en aveuglement en noyant le regard dans la forêt des détails. (8)
// 1.2 Analyse et critique
cf citation (9)
L'activité critique à 3 fonctions principales : informer, évaluer, promouvoir. Ces trois fonctions concernent très inégalement l'analyse. (9)
Travail d'andré Bazin, essayiste travesti en journaliste. Serge Daney.
// 1.3 Analyse et théorie, analyse et singularité du film.
(11)>> façon d'analyser un film plutôt que de la méthode générale d'analyse du film.
// 1.4 Analyse et interprétation
- DIVERSITE DES APPROCHES ANALYTIQUES : QUELQUES JALONS HISTORIQUES
Lev Koulechov - 1919 ; écriture de L'Art du Cinéma ! Belà Balàzs, Vsevolod Poudovkine ; Raymond J Spottiswoode ;
// 2.1 Un cinéaste scrute son œeuvre pour mieux la défendre : Eisenstein ;
(14) + dessins - défense de la pureté du langage cinématographique ;
André Bazin
Construction dramatique -- utilisation de la musique, raccords, énumération des éléments du décor avec le fonction --
- Objet avec ou sans fonction dramatique -
- Poursuite chez Hitchcock (27) expression morale, psyhologique, dramatique, matérielle
- L'arrêt sur Image comme outil d'Analyse (29)
- Trois choses : A. Il n'existe pas de méthode universelle pour analyser des films ; B. L'analyse de film est interminable, puisqu'il restera toujours, à quelque degré de précision et de longueur qu'on atteigne, de l'analysable dans un film. C. Il est nécessaire de connaître l'histoire du cinéma et l'histoire des discours tenus sur le film choisi pour ne pas les répéter, de s'interroger d'abord sur le type de lecture que l'on désire pratiquer.
- impossibilité d'avoir une analyse absolument scientifique à cause de la particularité des sciences humaines à travailler avec de l'infiniment singulier et pas de l'exactement répétable. aucune méthode ne peut être appliquer à tous les films. Les méthodes données doivent être tout le temps spécifiées pour ne pas être un simple placage d'une grille d'analyse. (30)
- Citizen Kane
Chapitre 2 : Instruments et techniques de l'analyse
- analyse filmique recours à certains instruments -- préconisent trois visions du film
- selon les auteurs il faut toujours revenir le plus proche de la "copie" originale d'un film dans sa primo production. (34)
- En général un film à trois types d'instruments : -- descriptifs, pour palier aux problèmes de mémoire ; --citationnels, mais en restant proche de la lecture du film ; --documentaires, sources externes au film
2.1 -- Le découpage
- Unités les plus apparentes sont le plan, portion de film comprise entre deux "collures". Un film représente à cette époque entre 400 et 600 plans.
- Plans se combinent en unités narratives et spatio-temporelles >> séquences
- Plan et séquence liés à la notion de découpage. > divise l'action en séquences, scènes puis plans numérotés. au début de l'écriture. > description du film en deux unités : plan et séquences.
- Paramètres utilisés les plus fréquemment dans des découpages analytiques :
- -- a. durée des plans ; nb de photogrammes
- -- b. échelle des plans ; incidence angulaire (horizontale et verticale) ; profondeur de champ ; étalement des personnages et objets en profondeur ; type d'objectif utilisé
- -- c. montage ; type de raccords ; ponctuations ; fondus ; volets ; ...
- -- d. mouvement : déplacement des acteurs dans le champ ; entrées et sorties de champ ; mouvement de caméra ;
- -- e. Bande sonore ; dialogues ; indications sur la musique ; bruitage ; échelle sonore ; nature de la prise de son.
- --f relations son-image : position de la source sonore par rapport à l'image ; synchronisme ou asynchronisme entre l'image et le son.
- -- liste non exhausitve
- découpage du plan est une bonne base mais on ne doit pas oublier le découpage sonore.
- quelques difficultés du découpage par plan (40)
- (41) ¶ 1
2.2 -- La segmentation
La notion de séquence produit trois types de problèmes. La délimitation des séquences, où elles commencent et où elles s'arrêtent. Ensuite, la structure interne des séquences, quels sont les divers types de séquences les plus courants. Peut-on construire une typologie complète ? Et ensuite, celui de la succession des séquences. Quelle est la logique qui préside dans l'enchaînement ? (42)
Concernant la délimitation, Christian Metz a proposé dans un de ses articles une typologie qu'il a appelée « grande syntagmatique ». C'est une vision beaucoup plus perméable de l'analyse des séquences et de leur délimitation. Il en a fait un diagramme assez complet, montrant sous la forme d'un chemin les différents types de segments autonomes et leurs définitions. On est ici sur une définition très poussée de la notion de séquence, et pour des analyses vraiment professionnelles, mais c'est quand même intéressant de le souligner.
2.3 -- La description des images des films est une transformation textuelle de ce que l'on voit à l'écran. Que ce soit par la description des images de films ou sur l'arrêt sur images, on va en fait tout simplement analyser l'image et donc on peut reprendre les théories sémiologiques de Pierce et de Saussure sur les différentes questions des trois sous-catégories des images concernant l'icône et également aussi le rapport signifiant-signifié de Saussure.
2.4 -- Tout ce qui est dans un film est susceptible de se décrire ou peut donner lieu à une schématisation, une représentation, un tableau. Mais la particularité du livre, de ses auteurs, c'est justement de nous offrir de réels instruments de description. Il y a une certaine formalisation dans la manière d'aborder les choses, ce qui nous aide donc à... à dégager des axes principaux dans justement la création d'un instrument.
Raymond Belot propose un premier tableau dans son article Segmenté Analysé. Chaque titre des colonnes du tableau est indicatif quant au but poursuivi. On a une colonne P pour les parties, une colonne S pour le segment sur les séquences. On a une colonne Sur-S sur segment, une autre colonne sous-S sous segment. S=grand syntagme selon la télépologie évoquée plus haut de Christian Metz (53)
Un autre type de schéma est dessiné par Dominique Chateau et François Jost. C'est une forme de phrase reliée par des flèches à la verticale et organisée sous les différentes thématiques abordées dans le film. Plus éloigné d'un côté froid et analytiquement se voulant neutre, ici on est plus sur une véritable interprétation du film à travers le schéma.
On trouve aussi différents schémas assez utilisés, tant au stade de la production qu'au stade de la mise, qui représentent les relations narratives à l'intérieur d'un film. Comme l'exemple de l'étude de la soif du mal par Stephen Heath, paru dans Screen. (Voir les figures 4 et 5. (45))
On a aussi fait intéressant un schéma pour analyser la mise en scène du cadrage et le plan presque architectural des différentes données du placement des caméras et des différents mouvements des caméras. Le schéma est de Edward Branigan et restitue les emplacements successifs de la caméra dans une scène de fleurs d'équinoxe de Yazujiro Ozu.
Chapitre 2.3 : Les instruments citationnels
Les instruments citationnels sont souvent utilisés pour être au plus près du film et on en a plusieurs. En 3.1, on a l'extrait de film. Et en 3.2, on a le photogramme. Photogramme qui est intéressant puisque c'est la valeur zéro analogue du film, c'est-à-dire que c'est l'image brute du film, mais qui peut poser problème en raison d'une image figée par rapport à une image mouvement que représente normalement le plan cinématographique. Dans ces instruments qui fixent, il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège de la contre-interprétation. (On peut lier le photogramme à la photo de plateau, même si le photogramme est préféré pour son côté moins travaillé, moins net, moins piqué, avec justement des fois des flous de mouvements liés tout simplement à la capture de la scène, d'un mouvement de la scène, là où les photos de tournage sont justement beaucoup plus léchées et beaucoup plus calculées.) La sélection des photogrammes ne doit pas tomber dans une espèce d'esthétisme, c'est pour ça que certains ont choisi d'établir des règles.
La plus courante des règles étant de prendre le premier et dernier photogramme de chaque plan. L'autre plus courante des règles étant de prendre le photogramme situé à la moitié du plan. qui est à utiliser pour des films avec des plans beaucoup plus courts comme par exemple dans "Octobre" de Eisenstein. Il y a d'autres moyens de citation, comme par exemple la bande-son ou la partition de la musique d'un film.
Il y a d'autres moyens de citation, comme par exemple la citation de la bande-son ou la partition de la musique du film. Eric Rhomer > décalcage sur l'écran en créant des croquis !
On trouve aussi des instruments documentaires. comme des données antérieures à la diffusion du film. ou encore des données postérieures à la diffusion.
Chapitre 5.2 : Analyse de l'image filmique
le cadre et le point de vue : "une vue au sens premier du mot, supposant un point de vue, c'est-à-dire un point où l'on dispose de la caméra" (126)
L'analyse du film, de Raymond Bellour
Système d'un fragment
Essai d'analyse systématique sur le film The Birds de Hitchcock. (81-103)
L'évidence et le code
Blocage symbolique
Le plan commencement du cinéma de Emmanuel Siety, édition Cahiers du cinéma.
L'anticipation du plan se fait à travers des textes ou encore des storyboards. Mais c'est une prévision du tournage.
Pré-plan
[^1] https://www.cnrtl.fr/definition/diagramme, consulté le 04 octobre 2025
[^2] ibid
[^3] Charles Sanders Pierce, Écrits sur le signe, Seuil, 1978
[^4] Kafka, éd. Minuit, 1975