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Bavardages - Rencontre avec Lucie Philippe (Aléop ergothérapie)
(30:01)
Interview
Peux-tu me présenter ton travail ?
Qu'est-ce qui t'as emmené à faire ce travail ?
Quels types de public accompagnes tu ?
Quels sont les besoins les plus fréquents que tu rencontres auprès de ce public ?
Y a-t-il selon ton expérience, des handicaps négligés dans la conception des objets du quotidien, ou même d'objets dits "adaptés" ?
As-tu observé des objets censés être « inclusifs » mais qui en application, posent des problèmes d’usage ?
Quels sont les défauts récurrents des objets dits ergonomiques ou accessibles ?Y a-t-il des critères qui rendent un objet réellement adapté et efficace ?
Quelles caractéristiques devraient toujours être prises en compte dans la conception d’objets adaptés ?À quelles contraintes faut-il être attentif lors du développement de nouveaux produits ? (ergonomie, matériaux, coût, esthétique, etc.)
Existe-t-il des approches innovantes ou tendances actuelles en matière de conception d'outils inclusifs (facilitateurs du quotidien) ?
Lors de la création d’un objet, est-ce que tu suis une méthodologie avec une timeline fixe qui reste globalement la même d’un projet à l’autre, ou ajustes-tu ton approche au fil du processus, en t’adaptant sans planning rigide ?
As-tu déjà collaboré avec des designers ? Quelles seraient tes attentes vis-à-vis d'un designer dans le cadre de la création d'objets facilitateurs du quotidien ? Quels conseils donnerais tu à un étudiant en design en matière d'inclusivité, ou qui veut se spécialiser dans la création de ce type d'objets ?
Comment évalues tu, si un objet est véritablement adapté aux besoins d’un utilisateur ?
Quelle est l’importance des tests utilisateurs dans le processus de conception ?Comment s’assurer que l’objet reste utile sur le long terme et s’adapte aux évolutions des besoins des usagers ?
Quels domaines ou objets du quotidien gagneraient à être repensés pour être plus inclusifs ?
As-tu remarqué des besoins non encore couverts par les objets actuellement disponibles sur le marché ?Pour toi, quelle est la place du jeu dans l'apprentissage ?
Lucie : Pour moi, le jeu, c'est l'apprentissage de demain. À mes yeux, le prof qui arrive et déballe un PowerPoint sans interaction, ça ne marche pas et on le sait. On apprend mieux avec le jeu. Moi par exemple, je ne suis pas à l'aise avec le jeu de société. Je joue avec des amis qui sont très forts, cela crée une concurrence, ils aiment ça, mais personnellement moi, je n'y trouve pas ma place. Par contre j'ai déjà utiliser d'autres types de jeux dans mon travail, il existe des tas de manières de jouer, et je sais que la compétition ne se trouve pas dans la majorité des jeux ! Le truc du jeu, c'est que du moment qu'il apporte un amusement, on apprend. C'est l'avantage de la diversité des jeux qui existent, tout le monde peut trouver chaussure à son pied.
Retour sur mes prototypes de jeux
La forme :
Le principe de boite à rabat est bien car pratique. Sur une boite classique on ne sait jamais où mettre le couvercle, là la question ne se pose plus. La notice imprimée sur la boite (interieure ou extérieure), est à tester en terme de prise en main .Je lis minois :
Le scratch, elle déconseille, pas pratique, vieilli mal, et quelques enfants (en cas de troubles autistiques par exemple) n'aiment pas le son ou la texture du scratch. Le principe d'aimant est top, c'est un outil qu'elle utilise régulièrement lorsqu'elle crée des objets. La préhension est plus accessible en matière de dextérité pour les enfants, et il permet une facilité de rangement ludique intéressante.
Instinctivement, en voyant le jeu, elle aurait mis de vrais sourires et de vrais yeux pour les expressions du visage (images). Sauf qu'après l'avoir déjà expérimenté avec des enfants sur un livre des émotions, dès l'or que l'enfant est confronté à une émotion négative (colère par exemple), il refuse de rester sur la page, et à tendance à la fuir. Finalement, le dessin permet un espace de recul sur l'émotion qui n'est plus directement sur le visage. Le mode de jeu durant lequel l'émotion est mimée est très intéressant selon elle, et pourrait être une bonne manière de remplacer l'image, ce que je pourrai de toute façon confirmer ou infirmer durant les tests. Elle me conseille au niveau du jeu, de rajouter un petit livret ou une vidéo, qui décrypte les émotions présente dans le jeu, que l'enfant peut lire avant de jouer au jeu en introduction. Aujourd'hui, son expérience lui a emmenée à se rendre compte que les enfants catégorisent les émotions en deux parties : les négatives (colère, tristesse, déception, etc) et les positives (rire, joie, contentement, etc). Les parents nourrissent eux-mêmes cette chose-là, parce que c'est comme ça qu'ils les perçoivent eux aussi, puisque qu'on ne leur a jamais appris à le voir autrement. Il est donc important que ce jeu, au-delà d'apprendre à lire et à reconnaître les émotions, permette aussi de mieux comprendre comment elles fonctionnent : je suis triste, même si je perçois naturellement cette émotion comme négative, elle est là pour m'apprendre quelque chose sur moi-même, sur mes limites ! Et ça, c'est super positif parce que ça me permet de m'arrêter de faire quelque chose de mauvais pour moi, et de mieux me connaître. Une émotion, qu'elle soit positive ou négative, est un message du corps qui ne doit pas être négligé. Sans ce livret, le jeu peut vite renforcer la catégorisation des émotions (positives et négatives) d'où l'importance du livret ! (Les livres de Céline Alvarez pourront m'aider à écrire ce livret.)Blablatons :
L'écriture en cercle tout autour des jetons, crée des formes trop chargées selon elle, et nuit à la lisibilité de l'objet. L'écrire une fois en haut, et une fois en bas suffit. Attention, aux illustrations des émotions, elle me conseille de faire entre 3 et 5 illustrations différentes par émotion, puis de procéder par un système de sondage auprès des enfants, pour savoir celles qu'ils comprennent le mieux. J'ai aussi en ce sens entamé des recherches sur la manière dont les enfants illustrent les émotions, en proposant à plusieurs classes et centres aérés des coloriages sur les émotions (une feuille sur laquelle ils doivent remplir un cercle à la manière d'un smiley, en fonction de l'émotion qui est proposée). Cela me permettra de proposer diverses illustrations, faites en fonctions de leurs dessins, puis de procéder au sondage tel que me l'a proposé Lucie. C'est une bonne idée selon elle.Projet de cartographie sensible :
La cartographie est intéressante parce qu'elle peut permettre de se situer émotionnellement face à une situation (carte situation) : par exemple, "je suis privé de goûter", quelle émotion cette situation va-t-elle provoquer en toi, et où va-t-elle te situer sur la carte ?
Cela montre aussi qu'une émotion évolue au cours de la journée, qu'elle n'est pas figée : par exemple, je me rends compte qu'en une journée, je peux passer des larmes au rire et inversement.
Cela peut aussi amener des mécanismes d'empathie chez les camarades qui jouent : Baptiste est privé de goûter, il est triste. Comment l'aider à sortir de cette émotion ? Lui changer les idées en jouant avec lui !
La carte peut permettre de prendre du recul sur les émotions, de comprendre que tout le monde ne ressent pas les mêmes choses face à une même situation, créer de l'empathie, et de parler des limites de chacun.
Refs :
- Jeu pour les adultes sur des sujets de discussion créé par un couple pour parler de sujets tabous (elle va me le prêter.).
- Celine Alavarez - autrice sur l'éducation montessori.